Haut_Page Extrait 1/3 Extrait 2/3 Extrait 3/3
Dans une parcelle en friche, derrière une porte renforcée, Marc est là, jambes et bras menottés. Relié à une courte chaîne scellée dans le mur. Il a tenté à maintes reprises et en vain de se libérer de ses entraves. Il a dû y renoncer, ses chevilles et poignets se sont abîmés dans l’effort, presque jusqu’au sang.
Il a crié, hurlé sa terreur malgré ses espoirs, mais aucune aide n’est venu le libérer de ce cauchemar. Son preneur d’otage a pris soin de calfeutrer et d’isoler les murs et la toiture. Il a fini par se laisser aller vers un destin qu’il pense fatal.
Depuis combien de temps est-il enfermé dans ce cabanon qui lui sert de prison ? Un matelas à même le sol et une couverture épaisse représentent son confort quotidien et surtout nocturne. Il lui arrive parfois d’entendre au loin des tracteurs agricoles, relançant à chaque fois cette espérance insensée. On finira bien par le trouver ! Mais il faut qu’il se rende à l’évidence, ses illusions se sont éteintes au fil des jours.
À plusieurs reprises, il a compté sur la clairvoyance de sa mère pour le retrouver, qu’il puisse s’expliquer. Là encore, ses désirs ne sont restés qu’illusions. Impuissant, face à cette situation, il ne peut que repasser en boucle les événements qui l’ont amené à ce stade de la résignation. Ce type cagoulé qui avait attaché la sœur de Julie voulant lui faire avouer sa traîtrise, ce coutelas qui pénétrait lentement la poitrine de la gamine, les cris, les hurlements, les « pitiés », c’était atroce. Plus elle criait plus sa rage de faire souffrir, de tuer se décuplait, incapable de soumettre sa victime, il avait fini par enfoncer le couteau dans un hurlement de férocité. Le corps s’était tendu puis était retombé mollement, la vie l’avait quitté. Pauvre gosse, des larmes avaient roulé sur les joues de Marc plongé dans un état d’hébétude.
Lorsqu’il avait été ramené de Toulouse, cagoulé, menotté, dans le véhicule, il avait perçu une autre voix, celle d’une femme qui lui rappelait une personne connue. Son épaisse cagoule l’avait empêché de comprendre avec précision ce qui se disait. Il a également senti qu’un poids mort avait été jeté dans le coffre, probablement la sœur de Julie, puis avant le départ il avait été allongé derrière les sièges avant.
Ces images et ces sons hantent ses nuits peuplées de bruits sortant de son imagination ou générés par ce vent d’hiver. Grelottant, il se recroqueville et tente de se réchauffer. Depuis et progressivement, en dépit de cette faible lueur, il sait qu’un jour ce type viendra mettre fin à son supplice.
Haut_Page Extrait 1/3 Extrait 2/3 Extrait 3/3
Isabelle s’est mise devant la baie pour guetter la venue de son adjudante. Elle l’aperçoit avec un petit sac de voyage et se dit qu’elle n’a pas envisagé de rester très longtemps.
— Entre, Chloé, et pose tes affaires dans la chambre, suis-moi.
— C’est chouette comme appart, mais pour se garer quelle galère !
— Je suis bien d’accord avec toi.
— Alors, dis-moi tout ! Oh pardon, vous voyez dans un autre contexte, je deviens familière.
— Laisse tomber, d’abord nous ne sommes pas à la brigade et comme nous devons vivre et bosser ensemble autant se tutoyer.
— Comme tu veux ma cheffe.
— Ne commence pas ! Je te fais un topo de la situation d’ici et après on ouvre cette merde que l’on m’a refilée.
— C’est quoi ?
— Apparemment un billet doux de ce malade qui est à la source de tous mes maux.
— Ça part fort ! Moi qui croyais me la couler douce ce premier soir, ce n’est pas gagné.
— Si je t’ai fait venir, c’est que j’ai besoin d’un sérieux coup de main, mais aussi pour ta légendaire perspicacité.
— Tu n’exagères pas un peu ?
— Je dois reconnaître que bien souvent tes intuitions se sont avérées exactes, ton feeling n’est plus à démontrer.
— Merci capitaine tu es trop bonne !
— Ce que j’aime en toi c’est ton sens de l’humour et peu importe les situations. En plus, tu es drôle et ça me fait du bien. Actuellement, tout me pète dans les mains, même ma carrière dont je commence à douter.
— Oh la la, ça ne tourne plus rond dans ta binette il va falloir y remédier. On va bosser OK, mais ne pas se prendre le chou !
— Facile à dire, mais tout bien considéré tu as raison. Je finis par manquer d’objectivité.
— Alors cette lettre elle dit quoi ?
— On se prend un petit blanc et je l’ouvre, d’accord ?
— Vu comme ça, c’est un bon début.
Isabelle sort deux verres qu’elle remplit à moitié, se saisit de l’enveloppe, un coupe-papier et en sort le contenu, à savoir deux photos !
— C’est Didier ! Et avec cette salope qui m’a bernée.
— Explique parce que là je me suis fait lâcher.
— Sur la première, le mec c’est mon mari et la nana qui l’embrasse c’est cette pute d’Aurore.
— Ton mari, je l’ai déjà croisé, mais Aurore c’est qui ?
— La fille qui vit en colocation avec mon fils.
— Cette pute comme tu la nommes, elle se tape le père, le fils, pourquoi pas le Saint-Esprit ? La garce !
— Je découvre et le choc n’est pas mal. C’est la dernière chose à laquelle je m’attendais. Que notre couple soit devenu plus platonique je veux bien l’admettre, mais être cocue c’est le top !
— Et l’autre cliché, ouah c’est balèze !
— La honte regarde, au pieu à poil avec la pute, le salaud !
Isabelle vient de s’effondrer. Les images parlent d’elles-mêmes ; Didier avec Aurore et depuis combien de temps dure cette idylle
Haut_Page Extrait 1/3 Extrait 2/3 Extrait 3/3
La traversée du village s’effectue sans encombre, les deux voitures se suivent, quand le véhicule de Didier bifurque et emprunte la D 42 direction Lasserre-Pradère, une longue ligne droite traversant une zone boisée. Chloé profite de cette opportunité pour appeler Isabelle.
Une voiture la double la forçant à ralentir, elle peste contre cet empoté.
— Connard et je fais comment maintenant ! ?
Elle est contrainte de freiner et de s’arrêter. Dans son rétro, elle voit un autre véhicule qui vient de se coller et empêche toute manœuvre. Plusieurs personnes cagoulées descendent et malgré ses protestations on la sort de force, un sac occultant recouvre son visage. Bâillonnée, ligotée, traînée, elle est jetée sans ménagement dans ce qu’elle considère être le coffre d’un véhicule. Les voitures redémarrent, cela n’aura demandé que de courtes minutes et sans le moindre mot.
Abasourdie, totalement paumée, traumatisée par ce qu’elle vient de subir, elle tente de mettre un peu d’ordre dans ses idées. Elle se trouve nulle de n’avoir rien vu venir.
L’illogisme ! Elle n’a que ce mot qui revient en boucle. Jusqu’à ce jour, toutes deux poursuivaient un agresseur. Actuellement, Chloé en a compté environ cinq ou peut-être six tout au plus, tout est allé si vite, rien n’est plus compatible avec leur logique et elle ne pige plus, l’état actuel devient confus.
Elle tente de se libérer de ses liens, peine perdue. Elle pense à Isabelle qui, sans nouvelles, doit se faire un sang d’encre. La peur la prend aux tripes, cette situation sordide n’a aucun sens, si ce n’est que de la contraindre à abandonner. Non, il y a un autre motif, la retarder dans la filature, c’était simple sans l’enlever, ça ne colle pas. Elle se résigne et attend la suite.