La Dame du Salagou de JC Cognet
Une silhouette inerte flotte entre deux eaux dans son linceul blanc. Terrifiante, les yeux ouverts la Dame du lac du Salagou est annonciatrice de grands malheurs. Mythe ou réalité ?
Juste après sa dernière apparition, la gendarmerie découvre l’horreur au fond du lac. Le capitaine Bonnefoy et le lieutenant Marcillac ne le savent pas encore mais ils viennent de mettre à jour les prémices d’une affaire d’envergure internationale. L’enquête sera difficile mais ô combien palpitante.
Auteur :Jean-Claude Cognet
ISBN papier 9791093167800 – ISBN eBook 9791093167817
Format poche 11 x 18 – 304 pages – 12.90€
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L’affaire qui occupe le lieutenant Marcillac, principal protagoniste, gendarme de son métier, et lui donne bien du fil à retordre, démarre effectivement sur les chapeaux de roues : un meurtre aux contours indéfinis, qui pourrait aussi bien être le fait d’une vengeance qu’un meurtre rituel, est commis dès le premier chapitre, et l’ambiance se plombe encore davantage par l’apparition de la Dame du Lac de Salagou, où se sont retrouvés pour pêcher deux amis d’enfance, Michel et Jacques, qui connaissent le terrain comme leur poche. Selon les croyances locales, l’apparition de la Dame est annonciatrice de grands malheurs et, de fait…
Marcillac et son équipe de gendarmes de la brigade de Clermont-L’Hérault, ainsi que le capitaine Bonnefoy de Montpellier, ne sont pas au bout de leurs peines, dans une enquête complexe qui se situe sur la zone du lac, où peu après l’apparition de la fantomatique Dame, un Canadair découvre le corps d’un noyé flottant à la surface de l’eau, mais aussi dans les vignobles, où les prostituées attendent les clients le long de l’axe Narbonne-Béziers, ou encore au casino de Lamalou-les-Bains…
Il est intéressant de constater que, même si le récit est ancré dans ce territoire, les enjeux débordent largement le cadre du simple terroir, et qu’en définitive l’équipe se retrouve à devoir ferrer de gros poissons avec de petites cannes – l’auteur ne se gêne pas pour faire allusion au manque de moyens, humains et matériels, qui empêche les enquêteurs d’avancer et leur donne des conditions de travail bien pires que ce qu’elles devraient être. Nous sommes pourtant en présence d’hommes dévoués, conscients de leur devoir, quoique parfois colériques ou dépassés, comme peuvent l’être aussi bien supérieurs que subordonnés. Mine de rien, c’est de plain-pied dans le travail de fourmi des enquêteurs qu’on se retrouve, et la remarquable documentation sur l’enquête et ses à-côtés (fouilles, relevés d’indices, étude médico-légale des corps, protection de témoins, interrogatoires, etc…) rend la lecture vraiment intéressante.
Peut-on dire que l’intrigue est totalement surprenante ou originale ? On ne se pose pas la question, embarqué qu’on est dans les ramifications de l’enquête, les différents lieux qui forment des pôles d’intérêt tout au long du récit, les liens entre les personnages, puis la manière dont ceux-ci aident (ou non) les investigations. Des personnages ressortent à différents moments, on en apprend sur eux, et l’aspect humain n’est jamais négligé : même si l’on a affaire à des faits criminels, voire sordides, inquiétants, l’auteur fait preuve d’une grande bienveillance, d’un sens de l’humour ou des moments de tendresse, qui créent un lien entre le lecteur et ses personnages, lien qui ne se dément pas au long de l’enquête. Ajoutez à cela que les actions, le rythme, sont bien dosés, les dialogues efficaces, on ne s’ennuie pas un moment.
Alors, roman du terroir ? Nul doute que des « gens du coin » auront sûrement plaisir à retrouver des lieux connus, malgré tout j’ai navigué, roulé ou volé (oui, les moyens de locomotion sont assez variés dans ce roman !) comme chez moi. Je dois dire que l’auteur a un art pour faire voir les scènes, et choisir des lieux typiques ou intéressants par ailleurs pour situer ses scènes-phares. Une fois encore, les enjeux sont tels que force est de constater que le crime n’a pas de frontières, et qu’on ne devrait jamais dormir sur ses deux oreilles, même dans le coin le plus tranquille qui soit…
Je n’émettrais qu’une restriction qui malgré tout n’a pas gâché ma lecture, tout juste fait planer une légère ombre… il reste des approximations de construction dans la langue, notamment dues à la ponctuation, et c’est un peu dommage, car cela dépare une plume pourtant judicieuse et plaisante. Il n’en reste pas moins que je lirai volontiers un autre roman de cet auteur.